Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


Au-delà de la drogue 1ére part (source le quotidien d'Oran)

Publié par The Algerian Speaker sur 11 Juillet 2011, 15:44pm

Catégories : #Paroles citoyenn - Images et nouvelles de chez nous

par Mazouzi Mohammed *

Je dois avouer, qu’avec toute la pugnacité déployée en vue de conserver une certaine probité morale et une objectivité intellectuelle, on se surprend souvent à jouer puérilement des rôles rabat-joie qui consistent à remettre invariablement en cause tous les efforts entrepris par notre mère patrie. En des moments de lucidité, je ne peux m’empêcher de penser au sermon de Kennedy «Ne vous demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous, mais demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour l’Etat».

Le but de cette modeste contribution n’est ni de remettre en cause l’efficience d’une quelconque politique nationale ni d’en faire le panégyrique.

La stratégie nationale en matière de lutte contre la drogue et la toxicomanie est connue de tous, Il est loisible à quiconque d’en apprécier l’efficacité à la lumière des engagements de l’Etat, des moyens mis en œuvre à l’échelle nationale et dans un cadre global, ainsi qu’à travers les bilans évolutifs constatés in situ. (1)

Le phénomène de la drogue dans ses multiples et complexes composantes en perpétuelle mutation, conjugué à un aveu d’impuissance international qui ne dit pas son nom, constituent pour l’humanité l’un des dilemmes les plus saisissants. Il est primordial, dans notre tentative d’appréhender le Phénomène de la Drogue, de faire toute la lumière possible sur les ressorts de cette perversité, cet instinct de prédation qui nous habite tous car ce trafic se nourrit de l’infantile désagrégation de l’humanité. Les Experts de la Communauté internationale ont pris conscience de tous les enjeux indissociables qui caractérisent cette aberration humaine. Sans une infaillible mobilisation universelle dans le cadre d’entraides multilatérales, et une remise en cause de notre relation ambiguë avec le mal, l’espèce humaine, subira le sort de Sisyphe.

On a vainement tenté de nous rassurer depuis plus d’une décennie que l’Algérie n’était pas un pays consommateur ou producteur de Cannabis mais seulement un espace insignifiant de transit.

Ce serait faire preuve d’une absence totale de lucidité et de capacité prédictive si on se contentait seulement de s’appesantir sur cet aspect passerelle de l’Algérie. Empêcher le Cannabis de germer intramuros peut-il forcement nous prémunir contre la fâcheuse éventualité à devenir l’un des premiers pays consommateurs du bassin méditerranéen, de l’Afrique ou sur une autre échelle. Que ce soit en terme de cannabis ou de toutes autres substances déshumanisantes.

La drogue produite en Afghanistan décime énormément plus de personnes à l’extérieur, notamment en Europe, que parmi les Afghans eux-mêmes. Que ce soit le Cannabis made in Maroc ou les autres saloperies en provenance du Sahel, une véritable épée de Damoclès plane sur la tête des Algériens et celle-ci ne restera pas figée dans un état de lévitation éternel. La concomitante présence de certains facteurs au sein de la société algérienne et dans son environnement immédiat dévoile un pronostic inquiétant:

-Avoir pour voisin le plus grand producteur de Cannais au monde. -Une énorme et exponentielle disponibilité du produit bon marché. -Des bandes frontalières considérables, poreuses et au relief qui s’y prête d’avantage à l’infiltration des narcotrafiquants.

-La position géographique de l’Algérie, piégée dans un axe perpendiculaire et menacée par des flux de narcotiques en provenance de deux grandes aires de production et de dispatching : le Maroc à l’ouest et la zone du sahel au sud.

- Le plus grand pourcentage de jeunesse au monde, avec en prime une jeunesse désœuvrée, hyper stressée, désenchantée et en proie à un vide existentiel et spirituel patent.

- Un marché considérablement juteux et des narcotrafiquants que rien ne dissuade d’autant plus que cette activité hautement dommageable pour le pays prospère hélas de manière proportionnelle à toutes les autres formes d’activités criminelles telles la délinquance financière, la corruption, les atteintes contre les biens et les personnes… et cela bien évidemment suite aux effets dévastateurs induits par la décennie du terrorisme et face à un Etat qui a été à un certain moment considérablement affaibli et incapable de moraliser et d’assainir la sphère politique et par ricochet l’ensemble de la société.

Ainsi, si on a un peu partout dans le monde jusqu’à présent failli à juguler les terribles coups de boutoir assénés principalement et de manière massive, ostentatoire et débridée par la corruption, la concussion, la dilapidation et les détournements de deniers publics, en d’autres termes, si l’Etat trouve des difficultés à contrôler et à maîtriser l’Etat, celui-ci aura toujours autant de mal à combattre le fléau de la drogue.

En juin 2007, en prévision d’une Enquête Epidémiologique Nationale et globale sur la prévalence de la drogue en Algérie, le CENEAP (Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement ), avait évoqué parmi les objectifs qu’il s’était fixés lors d’une étude qu’il avait effectuée pour le compte de l’ONLDT (Office Nationale de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie), celui de «présenter tous les éléments qui concourent à identifier les facteurs de risques tant psychologiques que sociologiques». Il me semble très pertinent que cette étude ait pris comme paramètre lors de ses recherches l’aspect sociologique de ce phénomène à fortiori si ces facteurs sociologiques dont on parle s’aventureraient à nous renseigner sur l’ensemble des composantes idiosyncrasiques du pays ainsi que de leurs interactions, à savoir : Les Institutions. L’histoire récente de ces générations à risques. La géographie. Le profil du consommateur, du producteur , du baron, du dealer. L’ensemble des facteurs qui font office d’interface entre les uns et les autres et leur permet de communiquer, de s’avilir ou de s’ennoblir.

Ce n’est pas en se penchant uniquement sur la biographie du toxicomane qu’on prendra de vitesse ce virus en constante mutation.

La genèse d’un business adventice: La Rif Connection.

Le Maroc entretient une relation charnelle avec le kif, relation qui dure depuis le XV Siècle.(2) Le contexte et les enjeux inhérents à ce genre d’activité primaire économique sont inextricables. Les tribus du Rif jalousement fidèles aussi bien à leurs origines berbères qu’à leur seul moyen de subsistance ont par le passé toujours constitué des poches de dissidence irréductibles contre l’occupation française, anglaise, espagnole et ses vassaux chérifiens.

Moulay Hassan 1er avait reconnu en 1893 «Il arrivera forcément que nos tribus lésées se retourneront contre notre Makhzen… pour prendre elles-mêmes en main leur propre cause.»(3)

Les Royautés successives , ne voulant pas au début améliorer le sort de cette région rebelle, plus tard le Maroc, à lui tout seul n’avait pas les moyens nécessaires pour tirer cette région du moyen-âge, on s’est donc résigné à concéder aux Rifains une forme d’autonomie économique tributaire du Kif et ensuite du Haschich, ce qui amena finalement le pouvoir marocain à faire d’une pierre deux coups : étouffer des dissidences ethniques et résoudre un problème majeur de sous-développement régional.

Ainsi ces berbères qui ont toujours vécu par et pour cette manne pouvaient continuer à survivre au gré des effluves du Haschisch.

Aujourd’hui, il est impossible d’envisager pour le Maroc la fin de cette monoculture séculaire qui fait vivre intra muros de larges pans de la société, procure d’immenses plaisirs à travers toute l’Europe et engrange des dividendes considérables pour les uns et les autres. Les trois seules probabilités au sujet desquelles tout esprit peut cogiter ne semblent pour le moment pas assez solides pour entamer cette quadrature du cercle:

- Raser les montagnes du Rif et délocaliser les autochtones qui y vivent depuis des siècles en osmose avec la seule chose qui leur a évité une extinction semblable à celle des dinosaures. Ce qui s’avère fort impossible.

- Introduire des cultures de substitution par le biais de Programmes de développement Local, chose qui a été expérimentée maintes fois et dont les résultats ont été en deçà des attentes, en tout cas pas assez suffisants pour abolir définitivement ce type d’activité qui permet de générer sept à huit fois plus que la culture de l’orge, mieux encore si on a recours à une relative irrigation à même d’optimaliser les bénéfices au-delà de toutes espérances: à superficie égale, une culture de cannabis irriguée peut rapporter douze à seize fois plus que l’orge.(4)

- Faire du «sur place» par des politiques de statu quo tacites et qui finissent par arranger tout le monde, d’abord une région enclavée et irrémédiablement vulnérable sur un plan économique exacerbé avec le temps par une démographie en crescendo, ensuite des millions de consommateurs européens toujours plus aliénés à ce produit, et enfin toute une faune de parasites qui ne seront jamais disposés à tourner le dos à des entrées en devises colossales, surtout en ces temps de récession mondiale.

Ce qui relevait naguère d’un ordre sociologique circonscrit à une aire géographique bien définie est devenu aujourd’hui un problème beaucoup plus complexe, un autre paramètre non moins négligeable vient de s’y greffer : celui des sollicitations alléchantes en provenance du marché européen ( presque 80 % du hachisch fumé en Europe provient du royaume chérifien. ). Il est évident que le problème de la demande constitue une raison supplémentaire financièrement très motivante pour maintenir l’exploitation de ce genre de cultures à l’état initial.

En définitive, que ce soit en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie, la versatilité des modes de réémergence de ce fléau est un véritable casse-tête.

M. Antonio Da Costa, chef de la lutte antidrogue de l’ONU, en abordant la question du trafic de cocaïne en Afrique ainsi que la misère indescriptible qui en découle, a déclaré «Tant qu’il y aura une demande de drogue, les pays faibles seront toujours la cible des trafiquants. Si l’Europe veut réellement aider l’Afrique, elle devrait réduire son appétit pour la cocaïne.»(5)

Ce qui nous amène à conclure que ce qui est valable pour la Cocaïne l’est aussi pour le cannabis, mais comment faire justement pour réguler ou inhiber cette hyper satiété à l’égard des stupéfiants dont l’Europe ou le reste du monde n’arrive pas à s’en défaire.

Ce haut responsable pense trouver la solution en influant sur le processus de l’offre et de la demande «Plus on saisit d’opium dans les pays voisins de l’Afghanistan, moins il y aura d’héroïne dans les rues d’Europe. Inversement, moins on consommera d’héroïne à l’Ouest , plus il y aura de stabilité en Asie Occidentale.»(6) A suivre

* Enseignant -Mostaganem

Notes :

(1)Le Gouvernement algérien a mis en place assez tôt successivement deux PDN (plans Directeur National de Prévention et de Lutte contre la Drogue (2003-2009/2009- 2013). Il était question de mener la lutte sur trois fronts :

-La Répression : par la mise en place de la Loi ° 04-18 du 24 décembre 2004, relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes ainsi que d’autres actions menées sur le terrain. Cette nouvelle Loi prévoyait des mesures très dissuasives qui n’ont hélas pas eu jusqu’à maintenant des effets prononcés.

-La Prévention : la Loi suscitée a été conçue de manière à considérer désormais la Toxicomanie davantage comme une question de santé publique, en prenant en considération l’aspect pathologique inhérent à l’acte de consommer. Si de toute évidence des peines très lourdes ont été prévues pour les trafiquants, des dispositions préventives et curatives sont mises en place en faveur du toxicomane qui sera désormais astreint par les autorités judiciaires lorsqu’ils le jugent nécessaire, à subir une cure de désintoxication accompagnée de toutes les mesures de surveillance médicale et de réadaptation appropriées à son état. Celui-ci recevra les soins soit dans un établissement spécialisé, soit à titre externe sous surveillance médicale. L’autorité judiciaire étant périodiquement informée, par le médecin traitant, du déroulement et du résultat de la cure.

Les deux PDN avaient également prévu la réalisation de 53 centres intermédiaires de soins aux toxicomanes (CIST) et 15 centres de désintoxication répartis de façon équilibrée à travers le territoire national. En renforcement à ce dispositif, il a été prévu la mise en place de 185 cellules d’écoute et d’orientation pour les jeunes.

La Sensibilisation : *Des colloques, des rencontres, des sommets, des séminaires, il est vrai, ponctuent assidument la vie sociale mais nous n’avons pas l’impression que cette dynamique rejaillit positivement et instantanément sur les comportements des jeunes.Cela étant dû probablement à la démission flagrante des parents et à d’autres protagonistes qui ne jouent pas pleinement leur rôle, ou à un fatum planétaire.

-*D’autres textes législatifs ayant vu le jour depuis, sont venus renforcer ce dispositif répressif, notamment la Loi n° 06-01 du 20 février 2006, relative à la prévention et à la lutte contre La corruption, et la Loi n° 05-01 du 06 février 2005, relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Prenant conscience des dangers de cette criminalité transnationale, l’Algérie déploie sur d’autres front d’énormes efforts au sein du NEPAD et de l’Union Africaine de manière à optimaliser toutes les opportunités visant à promouvoir des politiques sociales et économiques qui concourent au développement du continent africain et à sa sécurité. Dans le cadre de la coopération régionale, l’Algérie adhère au réseau euro-méditerranéen de lutte contre la drogue que pilote le Groupe Pompidou, relevant du Conseil de l’Europe. Ce réseau comprend la France, les Pays Bas, l’Algérie et le Maroc, en attendant l’adhésion de l’Espagne, l’Italie, le Liban et probablement le Portugal et la Tunisie

(2)Observatoire Géopolitique des Drogues, Atlas Mondial des Drogues, PUF,Paris (1996)

(3)Daoud.Z, Abdelkrim. Une épopée d’or et de sang, Séguier, Paris (1999)

(4) Rapport Mondial sur les Drogues .UNODC(2003)

(5)Rapport Mondial sur les Drogues .UNODC(2009)

(6) Rapport Mondial sur les Drogues .UNODC(2009)
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